La poudreuse, le Savoyard est tombé dedans tout petit, à Valloire. Avec deux parents, Annick Levrel et Jean-Pierre Grange, anciens membres de l'équipe de France dans les années 70, qui vous lèguent les gènes du ski, une tante et un oncle sur le même versant, la voie mène directement à la compétition.

"Petit, mon objectif n'était pas forcément de décrocher des médailles ou d'être champion olympique, ce que je voulais, c'était faire partie des meilleurs skieurs du monde, être parmi les plus doués et marquer l'histoire de mon sport", raconte Grange, dont l'univers enfantin était tapissé de gros flocons et d'étoiles comme Alberto Tomba et Luc Alphand.

Avec neuf victoires pour un total de 17 podiums en Coupe du monde, le Mauriennais avait déjà bien commencé. Par son style, tout en finesse, il n'a cessé aussi d'impressionner. Alors que le slalom peut ressembler à un tango forcé sur une piste blanche, lui se lance dans une valse avec les piquets.

Mais pour marquer l'histoire de son sport, il faut l'écrire en lettres dorées. C’est chose faite depuis cet après-midi à Garmisch avec ce fabuleux titre mondial. Une médaille d’or que la France attendait depuis 1982 voir depuis le sacre en slalom d’Augert en 1970 !

Jean-Baptiste Grange est définitivement entré dans la grande histoire du ski Français.

Comment vivez-vous cette première médaille d'or, deux ans après votre déception à Val d'Isère ?

"Je profite de ces moments. J'avais du mal à y croire au début. Elle m'avait tellement passée sous le nez. Quand on m'a remis la médaille, beaucoup d'émotions sont remontées. Je suis content d'avoir été fort aujourd'hui, et d'être allé la chercher. Sur cette piste raide, la tendance est souvent de voir partir plusieurs coureurs à la faute. Comme ce fut le cas déjà des Mondiaux à Val d'Isère. J'étais à la limite par moment de voir mes vieux démons me rattraper. Cette médaille me donne beaucoup de confiance et de sérénité pour la suite de ma carrière."

 A Kitzbühel, vous parliez de cette ambiance si particulière qu'il y a quand on se retrouve seul au départ de la seconde manche et que la victoire se joue au bout. Comment l'avez-vous ressentie ici ?

"C'était pire. Le temps était long entre les deux manches, déjà il faut l'occuper. Tu as juste envie d'être vite au départ de la seconde, que cela s'enchaîne vite. C'est là qu'il faut rester calme, ne pas trop réfléchir. Je savais qu'il y aurait une tension un peu plus importante que sur une course de Coupe du monde. Elle est montée de plusieurs crans avant la deuxième manche. Dès les premières portes, j'ai senti cette tension supplémentaire et moi, j'étais un peu moins à l'aise sur mes skis."

 La Coupe du monde de slalom est-elle encore un objectif pour vous cette saison ?

"C'était un objectif, mais je vais déjà profiter de ce moment-là. Il faut fournir beaucoup d'efforts pour des instants qui sont courts, alors il faut les apprécier. Puis, continuer à mettre en place les choses, tout donner sur chaque course et voir au fur et à mesure. Au classement du slalom, j'ai quand même beaucoup de points de retard sur Ivica Kostelic. Je vais me donner à fond, mais peut-être que je n'aurai plus aucune chance dès la prochaine course." (avec AFP)

Photos : Agence Zoom

GRANGE Jean Baptiste,TEAM FRANCE